Les Mauritaniens à l'instar de la communauté musulmane, préparent
la fête de l'Aid El Kébir communément appelé " Tabaski ". Une fête
qui exige le sacrifice du mouton pour respecter le geste d'Abraham. Ce rituel
musulman qui intervient deux mois après la célébration du Ramadan, nécessite
des dépenses exorbitantes pour la plupart des chefs de famille. En Mauritanie,
par la conjoncture qui court et le contexte social corolaire d'un faible
pouvoir d'achat du citoyen, la situation semble très difficile pour bon nombre
de mauritaniens qui doivent immoler le mouton. Les marchés de bétail, de
denrées et d'habits grouillent de monde à la recherche de l'aliment, de
l'article ou du mouton le moins cher ou qui semble être à la portée des
intéressés. fête
Nous sommes à 24 heures de la tabaski, les mauritaniens se préparent, Certains citoyens voire même étrangers qui
vivent parmi nous, ont quitté la capitale pour l'intérieur ou leurs pays
respectifs. Un tour de marché a permis d'avoir une idée provisoire du
casse-tête des acheteurs qui défilent entre les marchés de la capitale et ceux
des banlieues de Sebkha et d'El Mina. "Les prix sont devenus très élevés
par rapport à l'année dernière. Je
n'arrive pas à acheter des habits pour tout le monde " lance un homme,
la quarantaine, visiblement ébahi par la spéculation des prix. Plus loin, des
femmes traînant avec elles leurs enfants, fixent leurs regards sur les articles
neufs sans piper mot. " Que
désirez-vous mesdames ? Leur adresse un commerçant qui dépoussière
tranquillement sa boutique. "Nous cherchons
des habits, des bijoux pour nos
enfants et pour nous-mêmes ". Lui répondirent-elles. Mais devant la
flambée des prix, elles ne savent à quel saint se vouer. A chaque évènement,
il y a certains que la situation
profite. Comme les commerçants, les tailleurs en dépit des veillées nocturnes,
lèvent la barre haute sur le prix de la couture notamment féminine. Mais ils
sont gagnants dans tous les cas. Car, les femmes ne lésinent pas sur les moyens
au détriment de leurs maris qui se prennent la tête devant un récapitulatif
financier sur les articles à acheter sans compter le mouton. " Je ne dors pas depuis quelques jours, mais je gagne bien en dépit du manque
d'argent " déclare Mbaye Diop, un tailleur sénégalais dans un
vrombissement de machines borderies. " Tu vois, on nous taxe cher alors qu'il n'y a pas d'argent. Moi, mon mari vient d'un congé et il est
extrêmement difficile pour nous de préparer la fête avec surtout cette
conjoncture " déplore-t-elle, le visage crispé devant l'intransigeance
du tailleur Mbaye de ne pas revoir à la baisse le prix de la couture. Du côté
des coiffeuses, c'est également les veillées nocturnes. Mami comme l'appellent
toutes les femmes trouvées sur place au salon, est à cheval entre deux têtes à
tresser pendant que les autres attendent leur tour, visiblement éprouvées par
la fatigue de l'interminable attente. Tout le monde subi donc la pression de la
fête. Les pères de familles en souffrent davantage. Eux, qui sont tenus de
supporter les frais y afférents.
Les moutonniers sont ceux-là qui se frottent les mains en
voyant venir les hommes à pas lents. Un signe qui indique que la situation va
mal pour ces inconditionnels de la fête. Tout le bétail de moutons qui
grouillent à la périphérie d'El Mina n'est pas à la portée de toutes les
bourses. Dès qu'on indique un mouton, vous êtes tenté de faire marche arrière
tellement les prix sont élevés. Des prix qui commencent à partir de 30.000 la
bête, ne sont pas à la portée de
n'importe qui, commente un acheteur. " Je viens d'acheter ce mouton à 37.000 ouguiyas
" lance-t-il indiquant la bête. Les plus nantis
débroussent jusqu'à 50.000 ouguiyas ou plus pour un mouton. Quid des pauvres
qui n'arrivent pas à assurer les trois repas journaliers? Mieux, le SMIG est à
30.000 ouguiyas, imaginez un père de famille ouvrier ou docker qui doit assurer
l'habillement de toute une famille ajouté en cela, la location ou la facture d'électricité qui tombe au même
moment de la fête. Les vendeurs justifient les prix par la cherté du transport
des bêtes et la faiblesse de la pluviométrie occasionnant une véritable
transhumance pour nourrir le bétail. Nonobstant cette situation d'infortune, la
fête avance et la pression monte sur tous les chefs de familles.
Les salons de coiffure tirent leur épingle du jeu
À 24 heures de la fête c’est la
course contre la montre pour se
faire une beauté rare pour la Tabaski. Ainsi, des jeunes filles aux femmes
mariées en passant par les driankés, toutes s’adonnent à une concurrence de
coiffure qui ne dit point son nom. L’ambiance de fête
se fait sentir
auprès des salons de coiffure, certaines coiffeuses parviennent à tirer leur
épingle du jeu, tandis que d'autres subissent les rigueurs de la concurrence
déloyale des tresseuses qui opèrent à domicile. Si certaines personnes font des
va-et-vient entre le marché et leur couturier, d'autres, par contre, vont
acheter des greffages, des mèches dans les magasins de produits de beauté pour
se faire belle dans les salons de coiffure. Chez Zora, situé au marché du 5eme
arrondissement, spécialisé dans la vente de produits cosmétiques, c’est à peine
si l'on peut identifier les personnes à cause de la forte affluence. Les marchandages
changeaient du décor habituel. Hawa, une jeune fille, a déjà mis la main sur le
greffage de son choix. «Je suis venue acheter le greffage Bijou pour
préparer la fête», dit-elle. Elle a choisi ce greffage «parce qu'il est souple,
joli et pas cher», explique-t-elle avant de confier que le paquet est à
1500 Um. Et qu’avec deux paquets seulement, il est possible de se faire une
jolie coiffure.
Très débordé à s'occuper de sa clientèle,
Ibrahim, l'un des vendeurs du magasin, la chemise mouillée de sueur, explique
les tendances à la mode de cette année. «En cette période de fête, ce sont
les greffages Rosa, Tina et Bijou qui marchent le plus. Les filles viennent
tous les jours en acheter. Il y a le synthétique et l'original, mais tout
marchent pour le mieux», révèle Ibrahima qu’il ajoute qu'il y a aussi les
mèches simples, les perruques «Miss Tigo» que les filles adorent.
Les femmes, tiennent à porter des habits neufs.
Il est 13
heures,a la Socogim ps, nous entrons dans un atelier de couture, « Kara Couture », cet
atelier est très fréquenté par la gent féminine. , en cet après-midi de jeudi. L’ambiance est aussi rythmée
par le bruit des machines à coudre. Dans un contexte de préparatifs de
la fête de
tabaski, l’endroit grouille de monde plus que
d’habitude. Les clients viennent, qui pour récupérer leurs habits, Selon aline fall, un tailleur de
l’Atelier, le décor est le même, en ces veilles de fête :
« pendant
les fêtes de korité et de Tabaski, c’est toujours comme ça : les clients
sont nombreux. C’est des habitués des lieux pour la plupart, mais il y a
d’autres qui viennent pour la première fois, juste pour l’occasion »,
explique-t-il. Dans cet atelier, sont exposés des habits en modèle
traditionnel, prêts à être livrés à leurs propriétaires. Il faut noter
dans cet atelier, les
clients ne se font pas désirer. Cependant, les tailleurs sont sommés de
respecter leurs engagements et de livrer les commandes à temps, sous
peine de s’attirer d’interminables disputes des femmes, qui ne demandent
qu’à être belles le jour de la tabaski. Ce, à tout prix.
Djigo et emira