Les
évènements se succèdent mais ne se ressemblent pas. Celui qui a consacré le
retour de Me Fatimata Mbaye des Etats-Unis où elle était partie pour recevoir
son prix «Héros pour la lutte contre la traite des personnes» pour la défense
des mineurs, en est un autre. Parents, AMDH, Ong de défense des droits de
l’homme, amis et la presse l’ont réservée un accueil chaleureux et triomphal ce
28 juin à l’aéroport de Nouakchott. Retour sur un évènement plein d’émotion et
de satisfaction.
L’Association Mauritanienne pour la Défense des
Droits Humains (AMDH), a sonné la mobilisation ce 28 juin dernier pour
l’accueil de sa présidente, Me Fatimata Mbaye qui revient du pays de l’Oncle
Sam où elle venait de recevoir le prix «Héro pour la lutte contre la traite des
personnes» pour la défense des mineurs
et pour son engagement militant pour le respect des droits humains. L’émotion
était à son comble. Boubacar Ould Messoud de SOS Esclaves, Aminetou Mint Ely de
l’Afcf, une délégation des femmes de l’IRA, de Touche pas à ma nationalité (TPMN)
ainsi que les représentants des coordinations de l’Amdh de l’intérieur (Boghé,
Brakna) ont bravé la chaleur pour aller accueillir cette femme qui a marqué le
combat des droits de l’homme et qui s’est distinguée dans ce parcours parsemé
d’embuches et d’obstacles.
C’est d’ailleurs cette distinction et le
couronnement de ces efforts dans la lutte pour le respect des droits de l’homme
qui ont été les résultats à l’origine de ce grand prix. Me Fatimata Mbaye est
une femme petite de taille mais dont la conviction, l’engagement militant et le
courage de combattant restent hors pair. Plusieurs fois emprisonnée, humiliée,
parfois brimée, mais la constance et la détermination dans le combat qu’elle
menait, sont sans commune mesure.
Aujourd’hui, l’Amdh, née sur les fonds baptismaux en
1991, peut se satisfaire d’avoir forgé des militants engagés et convaincus dont
les efforts dans la lutte pour le respect et la défense des droits humains sont
aujourd’hui récompensés après 21 ans de combat acharné dans un pays où parler
des droits de l’homme, relevait à l’époque, du suicide. Et ce n’est pas Me
Fatimata Mbaye, le Pr Cheikh Saad Bouh Kamara, Boubacar Messoud ou encore
Aminetou Mint Ely, Sall Djibril, 1er vice président de l’Amdh, Me
Brahim Ebetty … pour ne citer que ceux-là, qui diront le contraire.
Ce prix reçu par Me Fatimata Mbaye, constitue le
troisième pour les défenseurs des droits de l’homme, après Boubacar Messoud de
SOS Esclave en 2008, Aminetou Mint Ely de l’Afcf en 2009 et aujourd’hui Me
Fatimata Mbaye.
Après
le prix, l’émotion …
Il fallait être à l’aéroport de Nouakchott ce 28 juin à 16h pour mesurer l’émotion des
militants des droits humains. C’est d’abord les parents les premiers à verser
les larmes pour la simple raison de voir leur fille avec une distinction reçue
très loin de son pays natal, aux Etats-Unis à l’image de ses prédécesseurs. Les
militants de l’Amdh et défenseurs des
droits humains tout court, n’ont pas été en reste. C’était le comble de la
satisfaction. Et Me Mbaye n’a pu retenir elle aussi ses larme tellement
l’émotion était grande. Interpellée sur cet honneur, elle déclare : «C’est une reconnaissance pour tout le monde, pour
tous les défenseurs des droits de l’homme qui se battent pour l’avènement d’un
citoyen libre, indépendant et qui se battent aussi pour l’égalité dans la
société et contre toute sorte de traite et d’asservissement de la personne
humaine». Pour Me Mbaue, «c’est un pas vers le couronnement des efforts que
nous fournissons sur le terrain. C’est aussi une interpellation pour continuer
le travail sur le terrain mais également pour passer le relais aux générations
futures. Nous avons fait ce que nous avons pu faire et le reste, c’est aux
générations futures de poursuivre le combat ». La lauréate du prix
« Héros » garde l’espoir pour un avenir meilleur dans le respect des
droits humains en Mauritanie. «Nous espérons que cella portera ses fruits et
que la Mauritanie va se débarrasser la
tête haute de toute cette pratique négationniste de la personne humaine. Et que
nous serons dans une société égalitaire et indépendante » déclare Me Mbaye
toute en larmes, sous le coup de l’émotion.
Les
défenseurs des droits humains satisfaits …
Les militants des droits humains n’ont pas caché
leur satisfaction. Ils étaient nombreux à témoigner le combat qu’a mené Me
Mbaye et ses amis. Pour Sall Djibril, 1er vice président de l’Amdh,
«Nous ressentons une fierté. Ce prix est un le fruit d’une lutte longtemps
menée par notre Association qui a été créée en 1991 et reconnue qu’en 2005 »
a-t-il indiqué. «Nous avons lutté et ça c’est le fruit que Me Mbaye et les
autres qui l’ont précédé ont lutté et fait pour cette organisation. Nous en
sommes très fiers. Moi, je viens de 350km du Brakna, malgré mon âge, pour fêter
ce prix parce que c’est important pour l’organisation».
Pour sa part, Boubacar Messoud de SOS Esclave,
fervent défenseur des droits de l’homme dira en substance que : « je
suis très fier de voir Me Fatimata Mbaye récompenser par ce prix qui est un
mérite pour elle et nous l’avons tous mérité aujourd’hui. Nous sommes déjà
trois organisations à avoir ce prix : l’Amdh, l’Afcf et SOS Esclaves.
C’est un prix qui honore nos organisations et nos réseaux pour la lutte contre
la traite des personnes, contre l’esclavage et pour le développement des
droits humains en Mauritanie. C’est un
encouragement », a-t-il soutenu.
Même son de cloche chez Aminetou Mint Ely
(Afcf) : «C’est une fierté pour nous. Nous avons consacré toute notre vie
à lutter pour le respect des droits de l’homme, pour l’égalité des hommes, pour
la démocratie. C’est une reconnaissance méritée. C’est une victoire pour nous
défenseurs des droits humains». Pour Aminetou, «C’est le trio gagnant au nom
des défenseurs des droits humains mauritaniens ». Une façon de rappeler
que Boubacar Messoud (SOS Esclaves) a eu son prix en 2008, elle (Aminetou Afcf)
en 2009 et Me Fatimata Mbaye aujourd’hui tout en reconnaissant les efforts
consacrés pour ce combat. «Nous avons travaillé et mené un combat ensemble
couronné par ces prix d’encouragement et ce, malgré tous les problèmes, toutes
les difficultés que nous avons traversées ». Elle renchérit : «Me
Fatimata Mbaye mérite cet honneur et personnellement, je félicite les militants
des droits de l’homme. Car cela montre que quelque soit le temps que cela
durera, nos efforts seront récompensés un jour et Fatimata Mbaye a eu ce mérite».
Toutefois, Aminetou a déploré la discrimination dont les défenseurs furent
victimes. «Nous sommes discriminés, marginalisés et humiliés au niveau national
mais à l’extérieur, nous représentons quelque chose et c’est cela qui compte et
le résultat est là aujourd’hui. Ce sont des prix que nous avons gagné au nom de
la Mauritanie et c’est la Mauritanie qui doit être fière au nom de ses
combattants pour l’égalité des hommes».
Le prix, les «Héros de la lutte contre la traite de
la personne», a été attribué par 10 lauréats de différents pays et de différentes
disciplines. Parmi les lauréats, il y avait un commissaire de police d’un pays
qui s’appelle Aruba dans les Caraïbes, un magistrat de l’Argentine, une
ancienne magistrate de la Cour européenne de justice, une ancienne vice
commissaire du Haut commissariat des droits de l’homme, une victime de la
traite de l’esclavage et de travail forcé du Cambodge qui a retrouvé la liberté
il y a de cela 5 mois seulement, un procureur de la République d’Amérique …
pour ne citer que ceux-là.
Moulaye
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