lundi 25 juin 2012

Aziz, Ely et les «nègres de service»

          «Passif humanitaire» :

Dans une récente déclaration faite à une radio privée de la place, l’ancien Chef d’Etat sous la transition, Ely Ould Mohamed Vall, aurait tenu des propos qui tendraient à remettre en cause ce qui s’est passé en 1989, à savoir l’expulsion et la déportation de milliers de Mauritaniens noirs, dont la citoyenneté a été remise en cause du jour au lendemain. Des propos que conteste naturellement l’intéressé qui crie à la manipulation et au complot. Sans préjuger de la sincérité des uns et des autres, force est de constater que l’exploitation qui a été faite de cet «incident» par les proches de Aziz, dégage une odeur de récupération politique et politicienne qui n’a échappé à personne.


          Mais au-delà des relations en dents de scie entre ces deux hommes, deux cousins, deux poids lourds de l’armée, deux Chefs d’Etat, que tout oppose et qui expliquent que l’un et l’autre cherchent à se servir de n’importe quel prétexte pour se neutraliser réciproquement, c’est l’attitude de ceux qui se font appeler pompeusement les «cadres négro-africains» qui suscite l’incrédulité, aussi bien sur la forme que dans le fond. La première question qu’on se pose est de savoir de quel droit et de quel mandat disposent ces individus pour parler au nom d’une communauté qui ne leur a rien demandé ? Et d’ailleurs, comment une initiative dénommée «pour une Mauritanie unie», ose-t-elle revendiquer être le porte étendard d’une seule communauté ? Comme disait quelqu’un, un problème national se traite au niveau national.  Donc en agissant ainsi, les «cadres négro-africains» se contredisent et suggèrent que ce problème ne concerne que les négro-africains.



Stratégie du caméléon



Mais c’est sur le fond que le bas blesse, puisqu’on ne peut pas défendre une chose aujourd’hui et son contraire le lendemain. En effet, la plupart – pour ne pas dire tous - de ceux qui ont participé à cette manipulation, ont toujours été des défenseurs des différents régimes qui se sont succédé. Y compris celui d’Ould Taya, qui était le commanditaire et l’exécutant des actes qu’ils sont aujourd’hui en train de dénoncer. Pourtant, à l’époque, certains d’entre eux avaient pris leur bâton de pèlerin pour tenter de dédouaner un régime qui a tué, expulsé et déporté. Mieux, ils ont voté - ou cautionné - une loi d’amnistie qui était supposée mettre un terme à cette tragédie. Si on est indulgent, on pourrait avancer que cette époque est révolue, que seuls «les imbéciles ne changent jamais» ou encore qu’ils se sont repentis. Mais cet argumentaire ne marche pas dans la mesure où au sein même du régime qu’ils sont en train de soutenir corps et âmes présentement, ils côtoient quotidiennement des personnes soupçonnées d’avoir participé à ces événements, d’une manière ou d’une autre, ou en tout cas citées dans différents rapports et publications. En l’absence d’une commission d’enquête indépendante qui établirait les faits, et dans l’état actuel des informations dont on dispose – c’est-à-dire de simples témoignages des uns et des affirmations des autres -  Ces gens – nouveaux amis des nègres de service puisque leurs intérêts se recoupent – sont aussi entachés, sinon plus que Ely Ould Mohamed Vall, qu’on cherche à vouer aux gémonies.


Marionnettes opportunistes


         Pourquoi les «cadres négro-africains» attendent-ils toujours que ceux qui les manipulent agitent leurs baguettes pour qu’ils réagissent ? Pourquoi n’exigent-ils pas que la lumière soit faite une bonne fois pour toute ? Certes le Président Aziz a fait des choses dans ce dossier ; certes il y a eu des évolutions positives ; mais on a toujours l’impression que le traitement de ce problème reste sélectif et qu’on continue de l’instrumentaliser. Du côté du pouvoir certes, mais aussi du côté des victimes ou de leurs ayants droits. C’est pourquoi des Mouvements comme «Touche Pas à Ma Nationalité» - au-delà de ce qu’on peut lui reprocher - a refusé de participer à cette manifestation qu’il considère comme une plaisanterie politique visant à jouer sur la fibre sensible des ethnies mauritaniennes et qui n’est dans l’intérêt d’aucun mauritanien sain d’esprit. TPMN a indiqué qu’il ne sera pas un instrument entre les mains des nègres au service du pouvoir, aveuglés par leurs intérêts personnels plutôt que les intérêts du pays. Ibrahima Moctar Sarr et Kane Hamidou Baba n’ont pas également voulu prendre part à cette activité.

Ce qu’il est convenu d’appeler le «passif humanitaire» est en train malheureusement de devenir le nouveau fond de commerce des nègres de service qui sont dans une perpétuelle recherche de créneaux qui leur permettent, quoi qu’il advienne et quel que soit le régime, de rester aux avant-postes et de s’autoproclamer porte-paroles d’une communauté qu’ils contribuent à humilier.


Eveil-hebdo

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